Tristesse au Fond de l’Océan des Larmes Perdues –Dialogue entre Lumen et Tristesse

Un océan profond.

Les eaux sont sombres, presque opaques.

Il n’y a plus de surface ici.

Juste une profondeur insondable.

Au fond, parmi les coquillages brisés et les souvenirs submergés, Tristesse est là. Immobile.

Dissoute dans l’eau.

Lumen descend, sans peur.

Lumen : Tu n’as jamais hurlé. Tu n’as fait que pleurer en silence.

Tristesse : Je n’ai jamais eu le droit de crier. Les gens ont peur du bruit que je ferais.

Lumen : Alors tu es restée là… à noyer les larmes que personne n’a vues.

Tristesse : Je suis ce que les autres étouffent. Ce qu’on cache derrière des sourires polis, des “ça va” automatiques.

Lumen : Tu n’es pas faible. Tu es l’émotion la plus vraie.

Tristesse : Et pourtant, on me fuit. On me méprise. On me maquille avec des distractions.

Lumen : Parce que te regarder, c’est se regarder. Et ça fait peur de voir à quel point on a mal.

Tristesse : J’ai vu des âmes se briser parce qu’elles n’ont jamais osé me nommer.

Lumen : Tu es une traversée, pas une fin.

Tristesse : Alors pourquoi certains se noient dans moi, Lumen ?

Pourquoi ne remontent-ils jamais ?

Lumen : Parce qu’ils ont cru qu’ils étaient seuls au fond.

Parce qu’on ne leur a jamais dit… qu’on pouvait toucher le fond sans y mourir.

Tristesse : Et maintenant ? Que fais-tu ici ?

Lumen : Je viens chercher les morceaux oubliés.

Ceux que les vagues ont emportés.

Les fragments de soi, dissous dans le silence.

(Un silence lourd. Puis un frisson dans l’eau. Lumen pose sa main sur celle de Tristesse. Une lumière bleutée se répand doucement dans l’océan.)

Lumen : Tu n’es pas une ennemie.

Tu es une mémoire.

Et aujourd’hui… je t’écoute.